Raymond Rochette, Vaches au pont de Mesvres, huile sur contreplaqué, 1934, H. 160 ; L. 130 cm, collection particulière, © ville d’Autun, musée Rolin / photo B.M.C.
Né sur « la queuche à la Marolle » (commune de Saint-Sernin-du-Bois), là où commence le Morvan, cet enfant d’ouvrier grandit entre la vallée du Mesvrin et les cheminées des usines Schneider. La géographie des lieux influera indéniablement sur son œuvre, qui traite sans mélange de sujets urbains, industriels ou ruraux. Ayant intégré les écoles Schneider, il se destine à l’usine selon la tradition familiale et la formation de dessin qu’il y reçoit, l’initie à la technique du fusain. Il en retire la précision du trait, d’excellentes notions de géométrie, le sens des proportions et le goût de compositions structurées. En 1923, il change d’orientation et entre à l’Ecole Normale de Mâcon. Il côtoie désormais les peintres régionalistes et s’investit dans la création de la Société des Arts et Lettres du Creusot dont il assurera ultérieurement la présidence (1957-1972). La figure humaine en action retient toute son attention : lavandières, faucheurs, ouvriers jalonnent ses premières toiles. Grâce au parrainage d’Hugrel, peintre animalier et paysagiste rencontré à Mâcon et Jules Adler, artiste académique surnommé « le peintre des humbles » (Louis Vauxcelles), il intègre la Société des Artistes français.
Raymond Rochette, Paysage de neige à l’étang de Mesvrin, gravure à la pointe sèche sur cuivre, collection particulière © ville d’Autun, musée Rolin / photo B.M.C.
Raymond Rochette, Hommage à Louis Charlot, 1972
De par ses nouvelles relations, il fait la connaissance de Louis Charlot, peintre du Morvan et artiste confirmé tant à Paris qu’en province. Le vieux maître se prend d’amitié pour le jeune homme et lui prodigue de précieux conseils : rechercher l’aspect sculptural de la nature plutôt que l’aspect fugitif… Après les années difficiles de la guerre, Raymond Rochette retrouve une stabilité grâce au bonheur familial. En 1949, il obtient enfin l’autorisation tant convoitée de peindre à l’intérieur des usines du Creusot : il va livrer le meilleur de lui-même en traduisant le gigantisme de la machine et en usant d’une pâte solide aux coloris flamboyants : il sera un formidable témoin des Temps modernes.
Commissariat scientifique : Brigitte Maurice-Chabard, Conservateur en chef du musée Rolin
En boutique : catalogue de l’exposition (64 pages) : 15 € - N°ISBN : 901-288