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André Suréda, un orientaliste à Autun

 Du 23 octobre au 12 décembre

Les tableaux d'André Suréda sortent des réserves le temps d'une exposition à la Maison Saint-Antoine, 1 rue Lauchien le Boucher.

 

Entrée libre de 10h à 18h.

Visites guidées tous les samedis à 11h.

Ateliers/rencontres enfants de 6 à 12 ans /résidents les 28 et 31 octobre de 15h à 16h (voir détails pratiques dans la rubrique Tous les événements).

Le contexte

Le Musée Rolin est l’un des plus importants dépositaires d’œuvres d’André Suréda. Ce dernier n’a certes jamais vécu à Autun, néanmoins ses œuvres y sont parvenues grâce à Gustave Vuillemot, l’ancien conservateur du Musée Rolin qui fut également celui du Musée Demaeght d’Oran. Il entretint une amitié avec George Hilbert, exécuteur testamentaire de Madame Alice Suréda. G. Hilbert fut aussi secrétaire général de l’Association des Lauréats de la Fondation Florence Blumenthal.

C’est par un don de cette association en 1972 que les collections du Musée se sont enrichies de 20 peintures, 10 gouaches, 15 dessins, 12 lithographies et 6 gravures composant un ensemble illustrant les différents pays que Suréda a traversés et la variété de son œuvre.

Comme en 1972, à l’occasion du centenaire de sa naissance, le Musée Rolin  et la Maison Saint-Antoine souhaitent, par cette exposition, porter la lumière sur un artiste humaniste et faire partager ses créations qui demeurent, aujourd’hui encore, trop confidentielles du public.

Mort prématurément en 1930, des suites d'une maladie contractée lors de son dernier voyage en Syrie, il laisse une œuvre prolifique et singulière dans le panorama de la peinture orientaliste au XXème siècle.

L’HOMME

On peut le comparer à Renoir pour la récurrence des figures qu’il peint ou bien encore à Delacroix de par les coloris valorisants ses dessins. Mais ne nous y méprenons pas, cet artiste est unique.

Né en 1872, André Suréda, issu d’une famille bourgeoise d’artistes, a marqué son temps. Défini comme un artiste « détaché des profits, des pressions, des modes » par G. Vuillemot, il entre, dès 1891, en formation à l’Académie Julian puis est admis en 1894 à l’Ecole nationale des Beaux-Arts  à Paris. Néanmoins déjà à cette époque, l’homme détient un style singulier, loin des canons artistiques du « Beau Idéal » et développe le goût des voyages, appréciant davantage l’observation et l’étude de terrain à l’enseignement officiel.

D’origine espagnole, c’est tout naturellement qu’il fut attiré par les pays ensoleillés. C’est ainsi qu’en 1896, il entreprend, à l’occasion du mariage de sa sœur, son premier séjour en Algérie. S’en suit la découverte de la Tunisie et du Maroc.

Si pendant quelques temps, Suréda oscille entre Afrique du Nord et Europe, notamment par des voyages en Belgique Hollande, Angleterre ou Espagne, les années 1910 marquent le début d’une recherche effrénée de la beauté orientale : sa voie véritable se trouve dans les pays du Maghreb, où le spectacle de la vie est en perpétuelle effervescence.

Loin des mondanités de la bourgeoisie, l’artiste est d’une malicieuse modestie et d’une introversion maladive. Son existence est entièrement tournée vers la peinture : ses créations sont en accord avec sa nature profonde. En véritable esthète, il est en constante recherche de visions nouvelles afin de sublimer ses modèles.

Il parvient de son vivant à recueillir des critiques élogieuses qui déclarent que son expression picturale est « ardente, sensuelle, barbare à l’image de ses sujets », qu’il est « un chasseur des âmes, un conteur de la vie secrète et intime des êtres ». Il est un artiste soucieux d’exactes et sincères représentations de son environnement.

A PROPOS DE SES ŒUVRES

Suréda possède une manière de peintre immédiatement identifiable : il a retranscrit sa vision en la stylisant par un dessin simplifié et des couleurs sans ombre mais toujours lumineuses.

Il jouit, au début des années 1900, d’une comparaison flatteuse à Paul Gauguin : comme ce dernier avec les Tahitiens, il s’est intéressé à des communautés très caractérisées. Pourtant, à l’instar de Gauguin, il privilégie les motifs décoratifs de la nature. Ces deux éléments font de Suréda un peintre novateur pour son époque.

Chaque réalisation est le fruit d’un travail préparatoire, une étude des peuples d’Afrique du Nord et plus particulièrement des communautés juives et musulmanes du Maghreb, des populations juives, orthodoxes et arméniennes de Jérusalem et mêmes des Aïssaouas et des Derviches.

Les thèmes exposés sont tous liés à la vie, à celle des humains, à l’exemple des mendiants, prostituées ou aveugles, et de la nature environnante. Toutes deux sont d’ailleurs souvent étroitement mêlées puisqu’il est rare que l’un des tableaux ne comporte pas de motif végétal ou animal. Fils et petit-fils d’architectes, on remarque également des détails architecturaux dans ses peintures et gravures. Ses recherches lui donnent une vision subtile qu’il exprime au moyen d’une palette chaude et puissante.